1965 : Combien d’accidents ?

Durant plusieurs années, Claudio Barbier a tenu, dans le Bulletin du Club Alpin Belge, la « CHRONIQUE DES ROCHERS BELGES » ainsi que la « CHRONIQUE ALPINE ». Nous en publions ici quelques échantillons.

1965 – Combien d’accidents? (bulletin du CAB, avril), Par Claudio Barbier

La saison d’escalade va bientôt commencer. Il y a déjà eu un grave accident au mois de mars : un mort, un blessé. Quel sera le bilan à la fin de l’année ?

Si les grimpeurs étaient certains de ne jamais tomber, ils n’achèteraient pas ce matériel coûteux : cordes et nombreux mousquetons. Ils grimperaient seuls. Mais voilà : ils ont peur de tomber ! Ils grimpent en cordée, mousquetonnent les pitons d’assurance pour limiter une chute éventuelle.

Tout le monde sait cela ? Alors, pourquoi chaque année apprend-t-on que X a laissé tomber son second jusqu’à terre, que Y a fait quinze mètres de chute alors qu’il avait mousquetonné un piton au-dessus de lui ? Sans parler des nombreux cas où, s’il ne s’est rien passé, c’est uniquement parce que le grimpeur n’a pas dévissé.

Il faut assurer à tout moment comme si le compagnon de cordée devait tomber.
Il est déjà arrivé qu’un excellent grimpeur dévisse dans du III ; il est déjà arrivé qu’un piton s’arrache à l’improviste. Conclusion : il faut assurer d’une manière tellement sûre, que même un choc imprévu puisse être encaissé sans difficulté. Pour cela, il faut :

1° – Etre auto-assuré au piton du relais. Cela est très vite fait et rend de grands services au cas où des pierres vous tomberaient sur le crâne (cas heureusement rare, mais qui doit être prévu, particulièrement dans les rochers du Mérinos et de l’Al Lègne).

2° – Passer la corde dans le piton du relais et la faire passer derrière le corps. Soit « à l’épaule », soit, mieux, autour de la taille en croisant la corde.

De cette façon, il est exclus que vous ne puissiez pas retenir votre compagnon.

Certains grimpeurs – hélas nombreux – prétendent qu’avec un « tour mort » (humour macabre !) on tient très bien, ou encore qu’il suffit de tenir la corde de chaque côté du piton de relais. N’essayez pas de les convaincre de leur erreur, ils se fâcheraient. Mais il est de votre intérêt de ne pas grimper avec eux.

Suivez mon conseil ou ne le suivez pas, c’est votre affaire. Après tout, je n’y puis rien si vous êtes imprudent.

Freyr, rocher du Mérinos, Jean Clément (ph. D. Demeter)

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *