Vers 1960, il n’existait aucune politique du pitonnage des voies. On plantait là où bon semblait. « La caste des sept », à laquelle appartenait Jean Bourgeois, dépitonnait ferme. Quelques gens du Nord s’en émurent et portèrent ce cas devant le « tribunal » du C.A.B. Surgit une « Commission des voies », présidée par Claude Barbier.
Bourgeois ne l’entendait pas ainsi : – « Le piton après le 3e relais du ‘Pilastre’ n’existera pas, foi de moi ! » Et il l’enlevait. Pendant la semaine, Barbier le replantait… et ainsi de suite durant des mois. Jean s’engage dans la voie. Le piton n’est plus là…
– « Hé hé, se dit Bourgeois, Barbier baisse les bras, il se range à mon idée ».
Que nenni ! Barbier avait dépitonné toute la longueur ! Défi lancé, défi relevé : pour la première fois, la dernière longueur du ‘Pilastre’ fut gravie en libre, sans aucune assurance (cotée 6b en 1991 !).
En 1968, las des querelles, le C.A.B., dépassé par les événements, décide de porter plainte auprès de la gendarmerie pour « vol de pitons » ! Perquisitions, donc. Chez Thierry Leruth, les pandores tombent sur un coffre contenant des centaines de pitons rouillés. Ils n’y prennent garde et n’emportent que quatre pitons neufs, n’imaginant pas qu’on puisse porter plainte pour le vol de quelques kilos de ferraille ! Le Conseil d’administration du C.A.B. a démissionné, le piton entre les jambes…
J-C Legros (extrait d’un article paru dans « Vertical », juin 1992)